Usages domestiques de substances biocides et risques de transfert vers le milieu récepteur

L’omniprésence de substances biocides dans les produits du quotidien, lesquels sont utilisés pour une multiplicité d’usages (phytopharmaceutiques, lutte contre les nuisibles, protection des matériaux, désinfectants, produits ménagers ou cosmétiques, etc.), pose la question de l’exposition humaine et celle de la contribution des activités domestiques à la contamination des milieux aquatiques récepteurs. Elle pose également la question des leviers d’action pour une réduction à la source de ces substances qui sont majoritairement peu éliminées en stations d’épuration. Un travail d’enquête interdisciplinaire alliant le regard des sciences humaines et sociales et celui de la chimie de l’environnement a fourni la preuve de l’ubiquité des substances biocides dans une très large gamme de produits du quotidien de la sphère domestique, et la méconnaissance de ces substances par les usagers. Leurs choix d’achat sont d’abord motivés par des habitudes basées sur la recherche d’efficacité et de propreté, avec peu ou pas de connaissances de la contamination chimique invisible. Cette pollution chimique a été rendue visible par l’échantillonnage et l’analyse d’eaux grises, traceurs des usages domestiques et indirectement de l’exposition, collectées chez des volontaires, et fortement contaminées en substances biocides. Ces données mettent en lumière l’exposition des usagers aux substances biocides dans leur sphère domestique et le transfert depuis l’amont vers l’aval du réseau d’assainissement, et in fine vers le milieu aquatique récepteur. Les entretiens menés dans ce travail ont permis de percevoir où se situent les possibilités de changement de pratiques et les leviers d’action pour une réduction de la pollution à la source.
The ubiquitous presence of biocidal substances in everyday products, which are used for a wide range of purposes (pesticides, pest control, protection of materials, disinfectants, household or cosmetic products, etc.), raises the question of human exposure and the contribution of domestic activities to the contamination of receiving aquatic environments. It also raises the question of what can be done to reduce these substances at source, since most of them are not eliminated by wastewater treatment plants. An interdisciplinary survey combining the humanities and social sciences with environmental chemistry has provided evidence of the ubiquity of biocidal substances in a very wide range of everyday household products, and of how little users know about them. Their purchasing choices are motivated by habits based on the search for efficiency and cleanliness, with little or no knowledge of the invisible chemical contamination. This chemical pollution was made visible by sampling and analysing greywater, which was collected from volunteers and heavily contaminated with biocides, as a tracer of domestic use and indirectly of exposure. These data highlight the exposure of users to biocidal substances in their domestic sphere and the transfer from upstream to downstream of the sewer system, and ultimately to the receiving aquatic environment. The interviews conducted have enabled us to identify the potential for changing practices, and the levers for action that can be used to reduce pollution at source.
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