Avant-propos

« La gestion patrimoniale d’une infrastructure consiste à la maintenir en état, tout au long de son cycle de vie, pour optimiser le coût des opérations d’acquisition, d’exploitation ou de réhabilitation afin de fournir un niveau de service performant qui répond à la fois aux besoins et aux attentes et ce, en cohérence avec l’évolution des attentes des usagers, des technologies disponibles et du cadre règlementaire. Il s’agit donc de trouver un équilibre entre les performances de l’infrastructure, les risques encourus et les coûts à supporter par le service et l’environnement qu’il soit humain ou naturel. » 

La première étape nécessite de connaitre son infrastructure via un descriptif détaillé et son mode de fonctionnement. C’est ensuite l’état actuel et le vieillissement qui vont intéresser le gestionnaire.

Les travaux de recherche à base de modèles ou de pilotes et les outils développés par et avec les collectivités, autorité organisationnelle ou exploitant permettent d’analyser l’état de certaines infrastructures et de suivre et de prévoir leur vieillissement, ainsi que les coûts correspondants.

Le vieillissement fait également le lien avec le risque de défaillance. Mais parfois c’est un évènement exceptionnel ou accidentel, indépendamment du vieillissement, qui entraine la défaillance comme par exemple : inondation, séisme, endommagement lors de travaux sur une infrastructure voisine, …  Dans les deux cas il peut y avoir avoir des impacts sur l’environnement naturel et humain plus ou moins important.

La réaction va être différente, selon la classification du domaine de la maintenance : on parlera d’actions d’ordre préventif et d’autres d’ordre curatif ;

Pour mettre en place une méthodologie de suivi du vieillissement sur des infrastructures souvent à durée de vie longue il est parfois nécessaire de trouver des données complémentaires qui peuvent être mal archivées et surtout non informatisées (la date de pose, les défaillances, …)

C’est l’objet du premier article de ce dossier : « Amélioration de la connaissance patrimoniale des réseaux d’assainissement de la métropole de Lyon » de Besnier et al. Il expose 2 méthodes de recherche de la donnée, date de pose, pour les réseaux d’assainissement ; soit par l’approche statistique et d’apprentissage soit en tenant compte de données d’exploitation ou d’investigations tels que les résultats d’ITV. On est dans l’élaboration d’une démarche préventive même si le curatif sera toujours existant en cas de dysfonctionnement (ex bouchage, effondrement,…).

Le deuxième article : « Validation d’un protocole de vieillissement accéléré de membranes fibres creuses à l’échelle semi-industrielle » de Blin et al., étudie le vieillissement de membranes fibres creuses installées sur des bioréacteurs en travaillant sur un pilote réduit permettant d’accélérer et de décomposer le processus en validant ensuite  avec le suivi d’infrastructures existantes qui vieillissent plus lentement. C’est une piste intéressante de gestion préventive.

Le troisième article :« Etude et réparation des fuites d’eau du barrage d’El Chorfa : injection d’un coulis ciment-bentonite » de Khedim et al., s’intéresse à un traitement de fuites sur un barrage poids béton par injection d’un coulis ciment-bentonite au niveau des voiles d’étanchéité . On est ici en gestion de crise et donc en gestion curative.

Dans des conditions normales de fonctionnement, les barrages sont aussi suivis de façon préventive par de l’auscultation et des mesures (topographie, perméabilité, pression interstitielle,…) du fait de l’enjeu important de protection des personnes et de biens. Pour d’autres infrastructures (eau potable, assainissement réseau ou ouvrage,…) c’est le maintien ou l’amélioration du niveau du service qui est recherché.

Trois infrastructures différentes sont donc présentées dans ce dossier avec des démarches complémentaires voir interchangeables en les adaptant aux spécificités et aux données de chaque infrastructure isolée ou en réseau, à son environnement, les matériaux le constituant et son mode de fonctionnement. Dans cet esprit, la gestion patrimoniale des eaux pluviales et les solutions fondées sur la nature posent de nouvelles questions. Ce sera d’ailleurs l’objet du nouveau guide Astee intitulé « Solutions de gestion durable des eaux pluviales – gestion patrimoniale » à paraitre prochainement.

Caty WEREY

Ex Inrae-Engees GESTE Strasbourg

Et Co-coordinatrice du GT Hydrologie Urbaine de l’Astee

Astee

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