L’acide aminométhylphosphonique (AMPA) dans les eaux naturelles et les filières de traitement : origines, comportement et devenir
Aminomethylphosphonic acid (AMPA) in natural waters and water treatment processes: sources, behavior and fate
RésuméL’acide aminométhylphosphonique (AMPA) est le sous-produit de dégradation très répandu du glyphosate et des aminopolyphosphonates (phosphonates). L’utilisation massive de ces molécules conduit à l’omniprésence de l’AMPA dans l’environnement, et en particulier dans les eaux. L’objectif de cette revue de littérature est de résumer et de discuter les connaissances actuelles sur la formation, le transport, la persistance et la toxicité de l’AMPA dans l’environnement. Dans les sols agricoles, l’AMPA est concentré dans la couche arable et se dégrade lentement dans la plupart des sols. Il peut atteindre les eaux souterraines peu profondes, mais il est rarement retrouvé dans les eaux souterraines profondes. L’AMPA fortement adsorbé sur les particules des sols se retrouve dans les cours d’eau et les eaux de surface par ruissellement lors des événements pluvieux. Dans les zones urbaines, l’AMPA provient des aminophosphonates et du glyphosate présents dans les eaux usées et/ou les eaux pluviales selon la configuration du réseau (unitaire ou séparatif). Il est fréquemment quantifié dans le milieu récepteur en aval des stations d’épuration. Il peut être biologiquement dégradé dans les sols et les sédiments dans lesquels il a tendance à s’accumuler tandis que sa photodégradation est très limitée dans les eaux. L’AMPA aussi présent en suspension dans l’air et en quantité non négligeable peut être emporté par de fortes précipitations. Ainsi, l’AMPA provient prin - cipalement des lixiviats agricoles et des rejets d’eaux usées urbaines. La contribution domestique de l’AMPA via le glyphosate est négligeable alors que la contribution via les phosphonates reste peu renseignée. Enfin, il y a un manque critique de données épidémiologiques – en particulier sur l’exposition via l’eau – pour comprendre les effets toxicologiques de l’AMPA sur la santé humaine. Notons cependant que les stations de traitement d’eau potable permettent un abattement significatif de l’AMPA et cela même s’il n’existe pas de limite réglementaire spécifique pour les métabolites en général.
AbstractThe widely occurring degradation product aminomethylphosphonic acid (AMPA) is a result of glyphosate and aminopolyphosphonates (phosphonates) degradation. Massive use of the parent compounds leads to the ubiquity of AMPA in the environment, and particularly in water. The purpose of this review is to summarize and discuss current insights into AMPA formation, transport, persistence and toxicity. In agricultural soils, AMPA is concentrated in the topsoil, and degrades slowly in most soils. It can reach shallow groundwater, but rarely managed to enter deep groundwater. AMPA is strongly adsorbed to soil particles and moves with the particles towards the stream in rainfall runoff. In urban areas, AMPA comes from phosphonates and glyphosate in wastewater and/or storm sewers according to the configuration of the network (combined or separative). It is commonly found at the outlets of Wastewater Treatment Plants (WWTP). Soils and Sediments tend to accumulate AMPA, where it may be biodegraded while limited photodegradation in waters exists. Airborne AMPA is not negligible, but does wash-out with heavy rainfall. AMPA is reported to be persistent and can be biologically degraded in soils and sediments. Thus AMPA mainly has its sources in agricultural leachates and urban wastewater effluents. The domestic contribution of AMPA via glyphosate is negligible while the contribution via phosphonates remains unclear. There is a critical lack of epidemiological data - especially on water exposure - to understand the toxicological effects, if any, of AMPA on humans. Fortunately, well operated water treatment plants remove a significant proportion of the AMPA from water, even though there are not sufficient regulatory limits for metabolites.
1,2 Saur – Direction technique, recherche et développement – Maurepas
3 École des hautes études en santé publique (EHESP) – Rennes
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