Les « notfias » du Maroc : une technique ancestrale de collecte et stockage des eaux pluviales
The moroccan "notfias": an ancestral rainwater harvesting system
RésuméExposées au problème de la rareté de l’eau, les populations des régions arides et semi-arides ont développé des techniques traditionnelles de collecte et de stockage des eaux pluviales pour diverses utilisations en périodes sèches. Au Maroc, les réservoirs traditionnels connus sous le nom de « notfia » figurent parmi les techniques les plus fréquemment rencontrées. Leur usage est exclusivement domestique. L’irrégularité croissante des précipitations en partie liée au changement climatique incite à repenser ce type d’aménagement et à l’améliorer dans une perspective d’utilisation pour l’irrigation des cultures. La plupart des travaux de recherche réalisés sur ce sujet se limitent généralement à une description de leur fonctionnement hydraulique. Cet article a pour originalité de s’intéresser à la conception structurelle et aux procédés de construction de ces « notfias » en vue d’étudier la possibilité de leur usage en irrigation. L’état de l’art qui a été réalisé dans ce but révèle une tendance au remplacement des matériaux locaux et des techniques de constructions durables par des procédés de construction en béton conventionnel de ciment et en béton armé. En plus de son impact négatif sur l’environnement, l’utilisation de ciment n’est pas toujours économiquement rentable par rapport aux techniques traditionnelles. Cet article propose, comme perspectives de recherche, de valoriser les méthodes anciennes de construction de ces ouvrages, généralement moins onéreuses et plus durables, tout en adaptant leur conception, notamment les propriétés de l’impluvium (surface, pente, texture) et du réservoir (capacité de stockage, possibilité de vidange gravitaire sans coût énergétique) pour un usage agricole. Le potentiel et les limites de valorisation agricole de l’eau stockée devraient également être explorés (surfaces et cultures irrigables en fonction de l’eau disponible et de sa variabilité interannuelle et saisonnière).
AbstractExposed to the problem of water scarcity, people living in arid and semi-arid regions have developed traditional rainwater harvesting systems. The water collected by these systems is used for various
purposes during dry periods. In Morocco, traditional tanks known as "notfia" are among the most commonly used techniques. Their use is exclusively domestic. The increase of rainfall irregularities, partly resulting from climate change, is a reason to rethink this type of water management and to improve it for use in irrigation. Most of the research work carried out on this subject is generally limited to a simple description of the hydraulic operation of the notfia system. This article discusses the structural design and construction processes of these "notfias" to explore their potential use in irrigation. The state of the art carried out for this purpose reveals a tendency to replace local materials and sustainable construction techniques with modern materials and construction methods such as those of reinforced concrete. Besides its negative impact on the environment, the use of concrete is not always economically viable compared to local traditional construction techniques. This article proposes, as research perspectives, to identify construction methods of these structures, combining traditional techniques, generally less expensive and more sustainable, and design adaptations for agricultural use. Specifically, possible improvements could relate to the impluvium characteristics (area, slope, texture) and the reservoir design (storage capacity, topographic positioning aiming to reduce pumping cost for irrigation). The potential and limits of agricultural use of the water stored should also be explored (irrigated area and crop species based on the water availability and its interannual and seasonal variability).
1,2Département du génie rural – Institut agronomique et vétérinaire Hassan II – Rabat – Maroc
2,3UMR G-EAU – Montpellier Université – AgroParisTech – BRGM, Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) – Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) – Institut Agro – Institut de recherche pour le développement (IRD) – Montpellier
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