sécurisation des installations état des lieux REX
Études
Assainissement
TSM 7/8 2013 - Page(s) 38-48

Des pratiques de sécurité à la culture de sécurité

From safety practices to a safety culture

Résumé

La sécurité est une exigence légitime forte qui doit être pleinement intégrée dans nos pratiques de métiers. À ce titre, une culture de sécurité adaptée à l’activité peut être définie comme l’ensemble des pratiques développées et répétées par les principaux acteurs afin de maîtriser les risques liés à leurs activités. Mais, depuis plusieurs décennies, le monde extérieur a de plus en plus d’attentes et d’influence sur les activités industrielles à risqué et, aujourd’hui, c’est l’incertitude qui génère le risque. Au-delà des personnes, on commence à gérer les expositions aux risques, les consequences ultérieures possibles.

Les activités de l’assainissement n’échappent pas à ces influences extérieures. Dans le meme temps, elles vivent une rupture rapide par l’évolution de techniques complexes, de systems d’organisation peu lisibles globalement, d’évolutions comportementales. Ces modifications, qui touchent un métier a priori « traditionnel », rendent plus difficile la complémentarité entre l’organisation hiérarchique et l’organisation fonctionnelle, difficulté renforcée par le développement de nombreux modes de gestion transversal (organisation matricielle souvent mise en avant, fonctionnement en mode projet…). Au-delà de ces risques structurels, les activités d’assainissement sont également confrontées à des risqué « procédés », des risques « produits » et des risques « équipements ». Pour autant, pour ces différentes activités industrielles à risques, les enjeux de prévention et de protection dépassent largement les contraintes techniques. Il faut aujourd’hui analyser plus la part importante prise par les hommes (pour ce que l’on qualifie d’erreurs patentes), mais surtout par l’organisation (pour ce que l’on qualifie d’erreurs latentes). Il faut ainsi favoriser les complémentarités entre concepteurs et exploitants, dans une logique de parties prenantes. Il s’agit également de definer les compétences à mobiliser et notamment celles qui sont critiques pour certaines phase du procédé mis en jeu. Il s’agit enfin de définir les procedures de travail, les modalités d’intervention sur les ouvrages, les modalités de gestion des phases critiques, les prestations dédiées et celles externalisées assorties des conditions d’intervention des entreprises extérieures.

On voit ainsi que tout l’enjeu, difficile, mais indispensable à maîtriser, est de chercher à connaître et à comprendre la réalité des situations de travail. Car on ne peut faire évoluer les comportements sans faire évoluer les situations de travail. La sécurité est produite au quotidien (de façon non isolée et dans un contexte qui apporte d’autres contraintes simultanées à gérer) par du « travail humain », que ce soit en conception ou en exploitation, avec de nombreuses sources de variabilité qui appellent initiatives et décisions.

Une telle démarche est à construire pas à pas en tenant compte de la culture et des spécificités de l’entreprise. Elle a le mérite de soulever de nombreuses questions ouvertes qui permettent de porter la confrontation des attentes et de fédérer tous les acteurs pour la recherche de solutions communes.

 

Abstract

Safety is a strong and legitimate demand that must be a full part of our business practices. In this respect, a safety culture appropriate to the activity can be defined as all the practices developed and repeated by the main stakeholders, in order to manage the risks involved in their activities. However, for several decades now, the outside world expects more from and exerts greater influence on industrial activities entailing a risk and today uncertainty is what generates the risk. In addition to simply the individuals concerned, we are beginning to manage risk exposure, the possible subsequent consequences.

Sanitation activities are not exempt from outside influences. At the same time, they are experiencing rapid change with the development of complex techniques, organisational systems that are difficult to comprehend in their entirety and changes in behaviour and attitudes. These modifications, which concern a business sector which is in principle “traditional”, make it even harder for a hierarchical organisation and a functional organisation to work together, a problem that is exacerbated by the devel opment of numerous cross-cutting management modes (matrix organisation often promoted, project mode operations, etc.). In addition to these structural risks, sanitation activities are also faced with “process” risks, with “product” risks and with “equipment” risks. Yet, for these various industrial activities entailing risks, the prevention and protection issues go far beyond the purely technical constraints. Closer analysis must today be made of the important role played by individuals (with reference to patent errors), but above all by the organisation (with reference to latent errors). Greater emphasis must also be placed on the compl ementarity between designers and operators, through a stakeholder type approach. The skills required must also be defined, especially those that are critical for certain phases of the process concerned. Finally, working procedures, infrastructure intervention processes, critical phase management methods, dedicated services and outsourced services must be defined, along with the conditions for interv ention by outside contractors.

It is thus clear that the difficult but nonetheless essential challenge to be met is to seek to identify and understand the actual working situations. It will be impossible to change behaviour and attitudes without changing these working situations. Safety is generated on a daily basis (working together, in a context which entails other simultaneous constraints to be managed) by “human labour”, whether in design or in operations, with many potential sources of variability that demand initiative and decision-making.

An approach such as this is built up step-by-step, taking account of the culture and specificities of the company. One beneficial effect is to raise many questions, to enable expectations and needs to be compared and to bring all the players together in looking for common solutions.

 

Mots clés : sécurité, risques, facteurs humains et organisationnels, erreurs, comportements, retours d'expérience, collectifs de travail
Keywords : safety, risks, human and organisational factors, errors, behavior, feedback, working groups
https://doi.org/10.1051/tsm/201307038

Syndicat interdépartemental d’assainissement de l’agglomération parisienne – 2, rue Jules-César – 75589 Paris cedex 12

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Article paru dans TSM 7/8 2013
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