Le 23 juin 2023, le règlement européen (RE) relatif à la réutilisation des eaux usées traitées
(REUT) pour l'irrigation agricole (2020/741) est entré en application. Pour gérer les risques liés aux pathogènes, plusieurs classes d'eau y sont définies. Les niveaux de qualité exigés sont plus stricts que dans la réglementation française préexistante (arrêté du 2 août 2010 modifié). Les projets de REUT agricole vont devoir se mettre en conformité et atteindre la qualité requise au point d'usage. Deux stratégies sont envisagées par le RE, la première correspond à la mise en place d'une unité de traitement complémentaire, qui risque cependant d'ajouter des contraintes techniques, de nuire à l'équilibre économique des projets et d'alourdir leur bilan environnemental. La seconde consiste à mettre en place « des barrières supplémentaires
appropriées » (Annexe 1, section 2). Cette seconde stratégie fait référence à l'approche « multi-barrière » encouragée par l'OMS dans ses directives sur l'utilisation des eaux usées. Elle propose une gestion des risques qui repose sur la mise en place de mesures de protection tout au long du système de réutilisation plutôt qu'uniquement au niveau du traitement. Bien qu'elle permette de s'affranchir des contraintes liées au traitement supplémentaire, cette approche suscite de nombreux questionnements qui freinent son application. Cet article présente les fondements de cette approche et ses principes. Il présente également l'outil « Multiware », un outil de simulation participative qui a été développé pour accompagner la prise de décision concernant les choix de gestion des risques pathogènes (traitement supplémentaire, multi-barrière…) pour les cas de REUT agricole. Cet outil a été co-construit et utilisé avec le cas de Clermont-Ferrand (Puy-deDôme), un cas emblématique de la REUT en France. Ce cas doit se mettre en conformité vis-à-vis du nouveau règlement et est confronté à la question de la stratégie à adopter.

Le 23 juin 2023, le Règlement européen sur les exigences relatives à la réutilisation des eaux usées traitées (RET) pour l’irrigation agricole (2020/741) est entré en vigueur. Pour gérer les risques pathogènes, plusieurs normes de qualité sont définies. Les normes de qualité requises sont plus strictes que dans le Règlement français existant (2 août 2010 modifié). Les projets d’irrigation agricole existants devront s’y conformer et atteindre la qualité requise au point d’utilisation. Le RE envisage deux stratégies, la première consiste à mettre en œuvre une unité de traitement supplémentaire, ce qui peut cependant ajouter des contraintes techniques, compromettre la viabilité économique et augmenter l’impact environnemental. La seconde consiste à ajouter des « barrières supplémentaires appropriées » (Annexe II section 2). Elle fait référence à l’approche « multibarrières » promue par l’OMS dans ses lignes directrices pour la réutilisation des eaux usées traitées. Elle propose une gestion des risques basée sur la mise en œuvre de mesures de protection tout au long du système de réutilisation plutôt qu’au seul niveau du traitement. Bien qu’elle permette de s’affranchir des contraintes liées au traitement avancé, cette approche soulève des problèmes qui freinent son application. Cet article présente cette approche, ses hypothèses et ses principes. Elle présente également « Multiware », un outil de simulation participative qui permet d’aider à la construction
de scénarios de gestion des risques (traitement avancé, multi-barrières, etc.) pour les RET en irrigation agricole. Cet outil a été construit en collaboration avec le projet RET de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), projet emblématique en France. Ce projet doit se conformer à la nouvelle réglementation et se trouve confronté à la question de la stratégie à adopter.