Effets redistributifs de la tarification progressive : le cas d’une ville moyenne
Distributive effects of increasing block tariffs. The case of a mid-size city in France
RésuméDes associations de consommateurs, certains défenseurs de l’environnement, des élus locaux et les médias ont manifesté un engouement certain pour l’idée d’une tarification à la fois incitative et sociale de l’eau. En se basant sur l’évolution du tarif de l’eau potable d’une des premières villes ayant adopté cette approche, on regarde ici l’effet redistributif du changement sur trois fois trois types de ménages vivant dans un pavillon, dans un immeuble de 10 logements, puis dans un immeuble de 100 logements, et consommant 75, 100, ou 120 m3/an. Après quelques adaptations, on est arrivé à une situation où tous les habitants voient baisser leur facture sur l’eau potable, avec une identité de prix au mètre cube, quel que soit le type de logement pour une consommation donnée. Mais la baisse demeure assez faible, et on peut se demander si ce changement était finalement justifié. Un regard détaillé suscite des remarques critiques nombreuses. Par ailleurs, ce tarif se traduit par une forte augmentation de factures chez les gros abonnés, dont certains envisagent de faire leur propre forage… Ce type d’analyse devrait être conduit avant tout changement de tarif, étant donné la complexité des facteurs en jeu.
Abstract
Consumer NGOs, local elected representatives and the media in France have recently favoured the idea of a water tariff that would be both incentive to conserve and social. Based on the evolution of the potable water share of the tariff in one of the first cities which adopted such a tariff, we calculated the distributive effect of successive changes on 9 types of housing units: single family, and condominiums of 10 and 100 apartments, where households would consume 75, 100, and 120 m3/yr. After some evolutions, the results show that all households benefit from a slight water bill reduction, and the bill is identical for the 3 housing types for the same consumption. This slight reduction leads to hypothesize that the new tariff might not be justified. A detailed analysis raises several critical observations going against a simplistic vision of progressive tariffs. But the tariff also results in large increases for large consumers, some of whom consider exiting the service and drilling their own well… This type of analysis should be done before any tariff change, given the complexity of factors involved in water bills.
DR CNRS – Cired, Centre international de recherche sur l’environnement et le développement – AgroParisTech – 19, avenue du Maine – 75015 Paris
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