Développement de peuplements de moustiques (Diptera, Culicidae) dans des ouvrages de techniques alternatives de gestion des eaux pluviales
Exemple de la Métropole de Lyon
Development of mosquitoes (Diptera, Culicidae) in sustainable urban drainage systems
Example of the Metropole of Lyon
La gestion durable des eaux pluviales en ville conduit aujourd’hui au recours à des techniques alternatives au réseau d’assainissement traditionnel. Ces techniques ont de nombreux avantages (limitation des risques, plus-value paysagère…) mais aboutissent à la construction d’ouvrages pouvant parfois héberger des communautés faunistiques et floristiques diversifiées. Cette biodiversité n’est pas toujours souhaitée et peut générer des conflits entre habitants et gestionnaires de l’eau. Nous avons étudié les peuplements de moustiques présents dans deux toitures végétalisées, 15 bassins de rétention et/ou d’infiltration, sept noues et 20 avaloirs (avec piège à sédiments) sur le territoire de la Métropole de Lyon. Ces ouvrages ont été échantillonnés de mai à novembre 2016. Aucun moustique n’a été détecté dans les toitures végétalisées, aucune eau n’a pu être échantillonnée sur les noues et quatre espèces non vectrices de pathogènes ont été trouvées dans les bassins de rétention et/ou infiltration : Culex pipiens (79,6% des individus collectés), Culiseta longiareolata (15,4%), Culex hortensis hortensis (3,9%) et Anopheles maculipennis sensu lato (1,1%) avec une fréquence croissante de mai à juillet (90% des habitats en eau sont colonisés sur la période) et décroissante jusqu’en novembre (20% des habitats). Les ouvrages où l’eau est drainée correctement ne présentent pas de gîtes larvaires significatifs. En revanche, des moustiques apparaissent dès le mois de mai dans les dispositifs retenant l’eau (comme les bacs de décantation). Les avaloirs avec piège à sédiments sont colonisés par trois espèces : Culex pipiens (80,3% des individus collectés), Culiseta longiareolata (8,7%) et Aedes albopictus (le moustique tigre, vecteur viral potentiel, 11%). Les techniques alternatives de gestion des eaux pluviales, lorsqu’elles sont bien conçues (pente, vidange complète en 24h) et entretenues ne présentent donc pas de risque de prolifération de moustiques.
Abstract
Sustainable urban stormwater management leads to the use of stormwater control measures (SCMs). These techniques have several advantages (limitation of flooding risks, multi-functional added values…) but lead to the construction of structures that can accommodate diversified communities. Adverse biodiversity can generate conflicts between inhabitants and water managers. The mosquitoes present in the stormwater management structures were studied in the Lyon Metropolis on SCMs (two green roofs and 15 retention and/or infiltration basins), 7 swales, 20 gullies pots with sand traps part of traditional pipe networks. The devices were sampled from May to November 2016. No mosquitoes were found in green roofs, swales did not retain water long enough and four non-pathogenic vectors species were found in the retention and/or infiltration basins: Culex pipiens (79.6% of individuals), Culiseta longiareolata (15.4%), Culex hortensis hortensis (3.9%) and Anopheles maculipennis sensu lato (1.1%). An increasing frequency was observed from May to July (90% of the water habitats were colonized over the period) followed by a decrease until November (20% of the habitats). Systems where water was drained properly (such as green roofs, infiltration basins drying up in less than 5 days) were not found to be significant breeding sites. Mosquitoes appeared as early as May in devices where water remains (such as sediment traps at the bottom of the basins) and proliferated during the summer. Gully pots with sand traps were found to be highly colonized by 3 species: Culex pipiens (80.3%), Culiseta longiareolata (8.7%) and Aedes albopictus (the “tiger mosquito”, a potential viral vector, 11%). Thus, SCMs, when properly designed (slope, complete emptying in less than 24 hours) and well maintained do not present a risk of dangerous mosquito proliferation.
1,7 Université de Lyon – Université Claude Bernard Lyon 1 – UMR-CNRS 5023 Laboratoire d’écologie des hydrosystèmes naturels et anthropisés – Villeurbanne
2 Métropole de Lyon – Direction de l’eau
3 Groupe de recherche Rhône-Alpes sur les infrastructures de l’eau (Graie) – Villeurbanne
4,5 Entente interdépartementale Rhône-Alpes pour la démoustication (EIRAD) – Chindrieux
6 Université de Lyon – INSA de Lyon – Laboratoire déchets eaux environnement pollutions (DEEP) – Villeurbanne
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