SecurEau : sécurité et décontamination d’un réseau d’eau potable
Security and decontamination of drinking water distribution systems following a deliberate contamination
RésuméDans le cadre du 7e programme cadre de recherche et développement et de l’action clef « sécurité », la Commission européenne a retenu le projet SecurEau visant à restaurer rapidement et en toute sécurité la fonctionnalité des réseaux de distribution d’eau après leur contamination malveillante par des contaminants chimiques, biologiques, radiologiques ou nucléaires (CBRN) (et par extension toutes contaminations accidentelles). L’objectif était de donner aux autorités et aux opérateurs des outils et des procédures nouvelles permettant de gérer la situation de crise générée par la contamination du système (selon les trois phases définies par la future norme ISO 11830). Au cours de ce projet, nous avons agi sur plusieurs fronts :
-
développer des outils de surveillance en continu (capteurs génériques) et logiciels associés permettant de détecter toute variation anormale des caractéristiques des eaux distribuées; – adapter des méthodes analytiques de detection des contaminants CBRN dans l’eau ou de ceux associés aux dépôts et parois des biofilms; – élaborer des programmes et logiciels pour identifier l’origine du ou des point(s) de contamination et l’extension probable de la zone contaminée; – et enfin optimiser les moyens de nettoyage et de désinfection, en particulier des parois (surfaces par définition peu accessibles et difficiles à nettoyer du fait de la présence de dépôts et biofilms). Trois principaux groupes de résultats ont été obtenus au cours du projet SecurEau :
-
le développement d’un nouveau système d’alerte précoce (early warning system) associant la mise au point d’une nouvelle série de capteurs génériques (Kapta, société Endetec), de modèles mathématiques permettant d’optimiser le positionnement de ces capteurs sur le réseau et de systèmes de traitement de l’ensemble des données collectées toutes les 5 minutes (plusieurs centaines de milliers de données générées par jour). Une démonstration en grandeur réelle (pour la première fois en Europe) a été réalisée en 2012 dans le cadre de SecurEau sur deux réseaux de Londres (urbain et semi-urbain). Les trois capteurs nouveaux issus de ce programme sont : Kapta 3000 AC4 (conductivité, température, chlore, pression); Kapta 3000 OT3 (matière organique par UV à 254 nm) et le prototype du CEA : Kapta 3000 RAD1, pour les radionucléides de type américium, césium et cobalt;
-
de nouveaux programmes d’ingénierie mathématique (code source en C et code Matlab disponibles) pour traiter l’information des capteurs et localiser rapidement la (les) source(s) de la contamination et définir l’étendue de la zone contaminée. Ces nouveaux modèles couplés avec des modèles hydrauliques (EPAnet, par exemple) permettent une action ciblée des opérateurs sur la zone contaminée;
-
la mise au point de nouvelles méthodes et de solutions pour le nettoyage des réseaux de distribution (incluant l’eau et surtout les parois de la canalisation, faites de matériaux très diversifiés et toujours porteuses de biofilms, dépôts et produits de corrosion). Les combinaisons d’abrasion mécanique, d’oxydation puissante générée in situ et de flush sont les actions préconisées, en fonction de la nature du contaminant. Nous avons innové dans un travail de recherche associant la France, la Lettonie et le Portugal sur les procédés d’oxydation avancée (Fenton hétérogène) applicables sur site en conditions respectueuses/durables des matériaux de distribution.
The contamination of drinking water infrastructures (catchment areas, raw water transfer systems, treatment facilities, treated water reservoirs and distribution networks) with CBRN (chemical, biological, radionuclides) as a result of malevolent acts of sabotage represents one of the major threats that security has to face with. Rapidly restoring the functionality of such infrastructures, and the access to safe drinking water represents another major concern for regulatory agencies and water utilities. Indeed, the damage resulting from impairment of drinking water services would seriously impact the quality of life of many people not only by directly harming them but also making water systems unusable for a long period of time with a risk of societal disorder (similar situation as with any accidental contamination events or natural disasters).
Such accidental or malevolent contamination events determine a crisis situation, which affects or is likely to affect a water utility or its provided services, and require more than the usual means of operation and/or organisational structures to deal with it. The ISO 11830 standard on crisis management describes the fundamentals of a crisis management system. ISO 11830 provides general guidance on how a crisis should be dealt with (“crisis phase”), on how to re-establish services (post-crisis phase), and on the best way to draw conclusions and revise procedures for future events. A large number of “preventive” actions have to be taken/implemented on a routine basis before the crisis, and recovery activities can start during the crisis phase. At the same time, specific scenarios for supplying potable waters (distribution of bottled waters, water tankers, emergency water treatment mobile systems, and so on) also have to be developed. In this context, SecurEau (a European project for restoring distribution system functionality after deliberate CBRN attacks involving 12 partners from six countries) has defined four research and development objectives:
-
tools for detecting water quality changes by combining generic non-specific and specific sensors for measuring unexpected / abnormal signal variations (and to be integrated in an Early Warning System); methods for identifying the best locations for sensors for full coverage monitoring; methods for treating the data collected every five minutes by the network of sensor;
-
methods for rapidly identifying the source(s) of any intentional contamination thanks to accurate mathematical procedures and new software;
-
multi-step strategies for cleaning distribution systems: pipe walls / biofilms / deposits and waste (water bulk and deposits extracted from the network);
-
analytical methods for confirming cleaning procedure efficiency taking into account especially the pipe walls.
1 Université de Lorraine – direction des partenariats – rue du Doyen- Roubault – 54500 Vandoeuvre-lès–Nancy
2 Université de Lorraine – Laboratoire de chimie physique et microbiologie pour l’environnement (LCPME) – 405, rue de Vandoeuvre – 54600 Villers-lès - Nancy
- Magazine
- Vie de l'ASTEE
- Études
Articles parus dans les cinq dernières années