zone de rejet végétalisée micropolluant dégradation métrologie-mesure
Études
Ressources en eau et milieux aquatiques
TSM 12 2017 - Page(s) 127-155

Rôle de la photodégradation dans l’élimination des micropolluants organiques au sein d’une zone de rejet végétalisée de type bassin

Photodegradation of organic micropollutants under solar irradiation

Résumé

Les stations de traitement des eaux usées éliminent une grande partie des micropolluants organiques par volatilisation, sorption et/ou biodégradation. Néanmoins, les effluents traités contiennent encore de nombreuses molécules pharmaceutiques et phytosanitaires à des concentrations faibles, mais atteignant parfois quelques microgrammes par litre et ayant un impact sur l’environnement. Plusieurs de ces molécules sont photoactives en raison de leurs structures chimiques capables de se modifier sous l’action des rayons ultraviolets (photolyse directe); d’autres sont oxydées par des intermédiaires chimiques produits à partir de la matière organique ou des nitrates en présence de rayons ultraviolets (photolyse indirecte). Les lagunes de finition, et les zones de rejet végétalisées comprenant une tranche d’eau permanente, sont soumises au processus de photodégradation. Nous avons étudié quels sont les micropolluants organiques sensibles à la photodégradation dans ces procédés. Cet article porte sur les processus de photodégradation directe et indirecte de micropolluants organiques en présence de lumière naturelle, à différentes hauteurs d’eau. Les différents mécanismes de photodégradation et les facteurs d’influence sont tout d’abord succinctement rappelés. Puis, nous détaillons la méthodologie de mesure des vitesses de photodégradation directe et indirecte mise au point dans le cadre de ce travail, pour mesurer l’efficacité de la photodégradation solaire selon la profondeur d’immersion. Des photoréacteurs ont été exposés en mars et juillet 2015 sur la zone de rejet végétalisée de Marguerittes (30). Nous avons étudié le devenir de 39 micropolluants organiques, dont 32 pharmaceutiques, sept pesticides et cinq de leurs métabolites en photoréacteurs immergés. Les résultats démontrent que la photodégradation est efficace dans les 10 à 20 premiers centimètres d’eau. Une classification en trois groupes a été élaborée pour caractériser la réactivité des micropolluants avec la lumière solaire : par exemple, le diclofénac se photodégradera en moins d’un jour, la carbamazépine entre 5 et 7 jours, et l’atrazine entre 30 et 40 jours. Une faible influence de la saison a par ailleurs été mise en évidence, car la photodégradation indirecte plus importante en hiver compense la plus faible intensité lumineuse. Nous avons montré que quatre métabolites (déséthylatrazine, déisopropylatrazine, acétylsulfaméthoxazole et la carbamazépine-EP) étaient plus réfractaires à la photodégradation que leurs molécules mères.

 

Abstract

Wastewater treatment plants usually remove a significant amount of micropollutants by volatilization, sorption and/or biodegradation. Nevertheless, secondary effluents still contain various pharmaceutical compounds and pesticides at very low concentrations up to few micrograms per liter and having an impact on the environment. Most of these compounds are photoactive, either due to their chemical structures able to be modified under the action of ultraviolet rays (direct photolysis); others are oxidized by chemical intermediates produced from the organic matter or nitrates in the presence of ultraviolet rays (indirect photolysis). The polishing ponds, and discharged planted areas with a permanent water column, are subjected to the photodegradation process. We have studied the organic micro pollutants sensitive to photodegradation in these processes. This article deals with the direct and indirect photodegradation of organic micropollutants under solar irradiation at different water depths. We first remember the main mechanisms that drive photodegradation in surface water and their influence factors. Then, we present an innovative on-site experimental protocol to investigate the contribution of direct and indirect photodegradation process occurring in the water column of discharged planted areas. Photo reactors were exposed in March and July 2015 on the dis charged planted area of Marguerittes (30). We studied the fate of 39 organic micropollutants, including 32 pharmaceuticals, 7 pesticides, and 5 of their metabolites in immersed photoreactors. The results show that photodegradation is effective in the first 10 to 20 centimeters of water. A classification in 3 groups has been developed to characterize the reactivity of micropollutants with sunlight: for example, diclofenac will photodegrade in less than one day, carbamazepine between 5 and 7 days, and atrazine between 30 and 40 days. A low influence of the season was also highlighted because the greater indirect photodegradation in winter is compensated by the lowest light intensity. We have shown that 4 metabolites (desethylatrazine, desysopropylatrazine, acetylsulfamethoxazole and carbamazepine-EP) were more persistent compared to their parent compounds.

Mots clés : photodégradation, micropolluants organiques, produits de dégradation, traitement des eaux usées, zone de rejet végétalisée, bassin
Keywords : photodegradation, organic micropollutants, by-products, wastewater treatment, planted discharged area with water column
https://doi.org/10.1051/tsm/2017120127

1,2,3,4 Irstea – UR Maly – 5, rue de la Doua – CS 20244 – 69625 Villeurbanne cedex.

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Article paru dans TSM 12 2017
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