restauration cours d'eau hydrologie continuité écologique ouvrage hydraulique biodiversité
Études
Ressources en eau et milieux aquatiques
TSM 10 2010 - Page(s) 39-48

Atténuer l’impact des ouvrages transversaux sur les cours d’eau (II). Solutions techniques pour la montaison et la dévalaison

Dams and weirs in streams: mitigation of impacts (II). Upstream and downstream technical solutions

Résumé

Des solutions techniques issues des recherches appliquées en hydraulique et sur le comportement des poissons ont été mises au point au cours des 30 dernières années afin de limiter les impacts des ouvrages transversaux sur les déplacements des poissons (blocage complet, retard, mortalité, surexploitation des habitats). Pour la montaison, les dispositifs doivent être dimensionnés afin que les conditions hydrauliques soient compatibles avec les capacités de déplacements des poissons (nage, saut, reptation). Ces capacités, variables selon les espèces, les tailles et les conditions environnementales, obligent à proposer un large panel de solutions. Les passes à poissons dites « techniques » sont des ouvrages équipés soit de systèmes de ralentisseurs, soit d’une succession de cloisons et bassins. À ce type d’ouvrage, il faut ajouter les dispositifs mécaniques que sont les ascenseurs et les écluses. Les passes à poissons dites « naturelles » sont constituées de structures se rapprochant de radiers naturels de cours d’eau, à savoir des rampes équipées de rugosité sur le fond. Le bilan des comptages vidéo de poissons effectués sur sept ouvrages en France (Allier, Dordogne, Garonne, Rhin) donne des valeurs médianes de 120 poissons/jour de comptage avec des sites à plus de 400 poissons/jour (données Migado, Logrami, Association Saumon Rhin) représentant plus de 30 espèces de poissons. Sur des cours d’eau à truites, les suivis effectués sur plusieurs ouvrages ont permis de comptabiliser en moyenne trois truites/jour (de 0,3 à 11 poissons). L’approche par radiotélémétrie utilisée pour le saumon atlantique (gave de Pau, Aulne) et, plus récemment, pour la grande alose (Rhône) a permis d’observer des efficacités de franchissement de barrages variant de 10% à plus de 90%. Ces variations importantes tiennent aux caractéristiques hydrauliques de la passe à poisson, à son entretien, à sa position au niveau de l’ouvrage, à la présence de débit « concurrent », mais également des conditions environnementales (débit et température). Les solutions techniques pour la dévalaison reposent sur des dispositifs de blocage des poissons (principalement physique) les empêchant d’accéder aux turbines des centrales hydroélectriques, accompagnés ensuite d’un guidage vers un exutoire assurant le transfert vers l’aval. L’ensemble de ces solutions techniques ne constitue, dans tous les cas, que des mesures correctrices permettant d’atténuer les impacts sur la libre circulation des espèces. Seul l’effacement permet une restauration complète de la continuité écologique.

Abstract

Technical solutions stemming from applied researches in hydraulics and on the behaviour of fishes have focused during the last 30 years on limiting the impacts of weirs and dams on the movements of fishes (complete blocking, delay, mortality, overexploitation of habitat). As for upstream migration, devices must be sized so that hydraulic conditions are compatible with the capacities of movements of fishes (swimming, jumping, crawling). These variable capacities according to the species, the sizes and the environmental conditions open the way for a wide type of solutions. The technical fish passes are equipped with baffles or with a succession of drops and pools. Fish lifts or fish locks are also considered like technical devices. The natural fish pass looks like natural riffle of stream with large roughness on the bottom of the ramp. The assessment of video countings of fishes, made on seven fish passes in France (Allier, Dordogne, Garonne, Rhine), gave median values of 120 fishes/day of counting, with some sites recording more than 400 fishes/days (data from MIGADO, LOGRAMI, Salmon association of Rhine) representing more than 30 species of fishes. On trout streams, monitoring made on several fish passes allowed to count an average three trouts/day (from 0.3 to 11 fishes). Studies of radio-telemetry used for the Atlantic salmon (Gev de Pau, Aulne), and more recently for the shad (Rhône) allowed to observe efficiencies for fish passages upstream the dams varying from 10% to more than 90%. These important variations depend on hydraulic characteristics of the fish pass, efficiency of the maintenance, the position of flow exit in relation to other “competitive” flows around the dam, but also the environmental conditions (hydrology and temperature). As for downstream migration, one solution to prevent fish from passing through the turbines involves stopping them physically at water intakes by means of bars or screens which must have a sufficiently small spacing or mesh dimension to physically prevent fish from passing. These barriers have to guide fish towards a bypass. All these technical solutions should be considered like mitigation measures on fish migration. Only the removal of dams allows a complete restoration of the ecological continuity.

Mots clés : continuité écologique, migration piscicole, passes à poissons, barrages
Keywords : ecological continuity, fish migration, fish pass, dams
https://doi.org/10.1051/tsm/201010039

1 Pôle d’écohydraulique Onema-Cemagref-IMFT – allée du Professeur-Camille-Soula – 31400 Toulouse

Télécharger l'article Gratuit
Pdf
Article paru dans TSM 10 2010
Consulter tout le numéro
Également au sommaire de ce numéro
Dans TSM et sur le même thème
Articles parus dans les cinq dernières années