Le gaspillage alimentaire dans les villes : une approche par le métabolisme urbain pour éclairer les politiques
Food waste in cities: an urban metabolism approach to inform policies
RésuméBien que la réduction du gaspillage alimentaire soit une priorité à l’agenda politique des villes, celui-ci y reste globalement mal quantifié et la recherche demeure peu intéressée par le sujet. L’objectif de cet article est d’apporter des réponses à une double question. Premièrement, quelle méthode, quel concept et quelles données sont nécessaires pour caractériser et quantifier le gaspillage alimentaire au niveau d’une ville ? Deuxièmement, à la lumière des résultats quantitatifs concernant les déchets alimentaires dans les villes, comment juger de l’adéquation entre les politiques en place et l’objectif de réduction du gaspillage ? Sur la base d’une analyse des flux de matières suivant la méthode Eurostat, nous avons réalisé une première quantification des flux de denrées alimentaires et des gaspillages et déchets alimentaires associés pour Paris et les départements urbains de la Petite Couronne. En ce qui concerne la partie politique, nous avons analysé des documents politiques relatifs à cette étude de cas. Globalement, les résultats obtenus pour l’année 2014 montrent que la part des déchets alimentaires est importante au regard des quantités alimentaires approvisionnées pour la population, et que les déchets issus des ménages et des activités associées y comptent pour beaucoup. Parmi ces derniers, plus de la moitié relève du gaspillage alimentaire qui pourrait être évité. Les politiques actuelles de réduction du gaspillage alimentaire se concentrent sur trois piliers (sensibilisation ; don alimentaire des professionnels ; bonnes pratiques en restauration collective), mais ne tiennent compte ni de l’interconnexion entre aliment et déchet selon une approche de métabolisme, ni des multiples déterminants de l’origine du gaspillage. Cette première quantification permet d’ores et déjà aux villes d’utiliser nos données afin de revoir leurs politiques en termes de réduction du gaspillage et de suivre son progrès au fil du temps.
AbstractAlthough its reduction is a priority on the political agenda of cities, the generation of food waste at city level has been largely neglected in research. How much food gets wasted in a city is largely unknown. The aim of this paper is to answer a twofold question. First, which methods and data can be used to characterize and quantify food waste at the level of a city? Second, given the quantitative results, how to judge the adequacy between the policies in place and the objective of reducing waste? Drawing on the Eurostat material flow accounting method, we quantified food and food waste flows for the case study Paris and the urban départements of the Petite Couronne, chosen for this research. As for the policy part, we analysed policy documents pertaining to the case study. Overall, the findings show that for the year 2014, food waste makes up a high share of the population’s food supply, excluding drink. Household food waste makes up much and could partly be avoided, as more than half of it was food that could have been saved and used for human consumption. The policy analysis shows that current food waste reduction policies focus on three pillars: awareness-raising and communication to consumers at individual level; food donation in business; promotion of best practice in the public catering sector. These policies consider neither the systemic characteristics of the urban food metabolism, nor the interconnectedness between food and waste, nor yet the multiple determinants of food waste origin.Cities can already use the quantitative findings and review the policies they are in charge of to strengthen targeted intervention policy to cut down food waste
and monitor progress over time.
1Université Paris-Saclay – Inrae, AgroParisTech – UMR Sadapt – Palaiseau
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