gestion de la ressource usager télérelevé agriculture
Études
Ressources en eau et milieux aquatiques
TSM 1/2 2019 - Page(s) 39-47

Le compteur communicant : perception des irrigants
Le cas du bassin du Louts

Smart meter: perception of irrigators
The Louts case, a refeed river in South-West of France

Résumé

Les compteurs communicants sont présentés comme une innovation technologique pouvant bénéficier à la fois aux usagers et aux gestionnaires d’une ressource limitée comme l’eau : ils renseignent les irrigants agriculteurs en temps réel sur leurs prélèvements, les aidant à piloter leurs arrosages et leur facilitant le partage de l’eau en cas de réseau géré en commun. Ils fournissent aux gestionnaires des mesures fréquentes, précises et spatialisées des consommations, précieuses pour réguler les ouvrages hydrauliques et optimiser les lâchers d’eau des réservoirs. Mais l’étude conduite sur la rivière réalimentée du Louts (sud-ouest de la France) présentée dans cet article montre des agriculteurs réticents. Les déterminants de cette attitude sont l’inutilité perçue de l’outil pour le pilotage de l’irrigation et la gestion des ouvrages, la défiance vis-à-vis de son promoteur, gestionnaire de l’eau, et des craintes sur les effets induits du dévoilement de ces informations (renforcement des pénalités et des coûts, accentuation des oppositions à l’irrigation…). Cette opposition initiale semble pouvoir être dépassée, par la co-construction avec les agriculteurs d’une réforme globale de la gestion de l’eau qui intègre cette technologie. Il s’agit de changer l’avis des pairs (un système plus équitable), de rétablir la confiance envers le porteur (un décompte plus juste des consommations) et définir les paramètres technico-économiques adéquats pour que les agriculteurs y trouvent un intérêt économique (coût de l’eau, opportunité d’ajuster leurs consommations, etc.). Ces paramètres restent à affiner en recherchant des compromis entre les contraintes du gestionnaire et la rentabilité de l’agriculture irriguée, sans oublier qu’une réforme des quotas d’eau prélevée affecte la valeur vénale des terres irriguées, à laquelle les agriculteurs sont très sensibles.

Abstract

Smart meters are presented as a technological innovation that can benefit both users and managers of a limited resource such as water: they provide irrigators with real-time information about their water withdrawals, helping them to control their water extraction, and facilitating water sharing when they manage a network in common; they provide managers with frequent, precise and spatialised measurements of consumptions, which are relevant for regulating hydraulic structures and optimizing dams’ water discharges. But the study conducted on the river basin Louts (south-west of France) presented in this article shows reluctant farmers. This attitude can be explained by a perceived uselessness of this technology as an appropriate irrigation management tool, and by distrust towards its promoter – the water manager, fearing adverse effects of increasing manager knowledge on real water consumption (increased penalties and costs, increased opposition to irrigation…). This initial opposition seems likely to be overcome, by co-construction with farmers of a comprehensive reform of water management that incorporates this technology. It is a question of changing the opinion of the peers (a more equitable system), of restoring trust towards the promoter (a more accurate count of the consumptions) and to define appropriate technico-economic parameters to interest financially irrigators (cost of water, opportunity to adjust their consumption, etc.). These parameters remain to be refined by seeking compromises between the manager's constraints and the profitability of irrigated agriculture, not to mention that a quota reform affects the market value of irrigated land, to which farmers are very sensitive.

Mots clés : eau d'irrigation, compteurs, télérelève, acceptabilité, perception
Keywords : water for irrigation, smart meters, acceptability, perception, France
https://doi.org/10.1051/tsm/201901039

1,2 Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (Irstea) – UMR G-Eau – Université de Montpellier
3,4 Compagnie d’aménagement des coteaux de Gascogne (CACG) – Tarbes

Télécharger l'article Gratuit
Pdf
Article paru dans TSM 1/2 2019
Consulter tout le numéro
Également au sommaire de ce numéro
Dans TSM et sur le même thème
Articles parus dans les cinq dernières années