Études
Assainissement
TSM 10/2024 - Page(s) 99-110

Traitement et recyclage d'effluents de blanchisserie par un procédé d'oxydation avancé

Traitement et recyclage des effluents de blanchisserie par un procédé d'oxydation avancé

Résumé

Les blanchisseries sont de grandes consommatrices d'eau : en moyenne, 15 L d'eau sont nécessaires pour laver un kilogramme de linge sec. Elles rejettent par conséquent des volumes importants d'eaux usées comportant une grande diversité de polluants, tels que des nonylphénols, des phtalates (diéthylhexyl phtalate (DEHP)) et des tensioactifs. Les stations d'épuration polluantes rencontrent des difficultés à traiter ces émergents, qui peuvent donc, à terme, se retrouver dans le milieu naturel. En outre, avec le changement climatique, de plus en plus de régions européennes seront confrontées à la rareté de l'eau, ce qui pourrait réduire l'activité économique des secteurs industriels, en particulier des grands consommateurs d'eau tels que les blanchisseuses. Le traitement et la réutilisation des eaux usées industrielles permettent de répondre à ces deux problématiques, (1) en ciblant spécifiquement les polluants émergents et les substances prioritaires afin d'éviter qu'ils ne se retrouvent dans l'environnement, et (2) en réutiliser de l'eau impropre à la consommation humaine pour faire face aux restrictions en eau potable. Le procédé breveté présenté ici a été développé dans le cadre d'un projet européen LIFE. Il est composé de trois modules principaux : un prétraitement par coagulation-floculation, un traitement par oxydation avancée (UV/H2O2) et un traitement de finition par adsorption sur charbon actif. Le traitement par oxydation avancée permet de détruire plus de 90 % des micropolluants organiques. Aucun rejet liquide n'est émis et les boues formées peuvent être valorisées par compostage. Après optimisation de ces étapes à l'échelle du laboratoire, un prototype a été conçu et réalisé dans une buanderie à Gérone (Espagne). Ce procédé a pour la première fois été testé à grande échelle dans une blanchisserie et les performances d'élimination des polluants ont été suivies sur six mois. Ce procédé innovant permet d'atteindre une qualité d'eau compatible avec sa réutilisation dans les blanchisseries, en particulier de plus de 90 % des tensioactifs et de la demande chimique en oxygène (DCO), et en décontaminant l'eau. Les perturbateurs endocriniens sont également éliminés à plus de 95 % lors de ce traitement. L'eau utilisée traitée a ensuite été utilisée pour laver le linge. Aucune différence n'a été constatée lors d'essais de lavage, avec des bandes de tissus normalisées, par rapport à l'eau du réseau.

Abstract

Les blanchisseries sont de grandes consommatrices d’eau : il faut en moyenne 15 litres d’eau pour laver un kilo de linge sec. Elles rejettent donc d’importants volumes d’eaux usées contenant une grande variété de polluants tels que les nonylphénols, les phtalates (diethylhexyl phthalate (DEHP)) et les tensioactifs. Les stations d’épuration ont du mal à faire face à ces polluants émergents, qui peuvent à terme se retrouver dans le milieu naturel. De plus, le changement climatique risque d’entraîner des pénuries d’eau dans un nombre croissant de régions européennes, avec le risque de réduire l’activité économique dans les zones industrielles, en particulier dans les industries à forte consommation d’eau comme les blanchisseries. Le traitement et la réutilisation des eaux usées industrielles apportent une réponse à ces deux problèmes, (1) en ciblant spécifiquement les polluants émergents et les substances prioritaires pour éviter qu’ils ne pénètrent dans l’environnement, et (2) en réutilisant les eaux impropres à la consommation humaine pour faire face aux restrictions d’eau potable. Le procédé breveté présenté ici a été développé dans le cadre d’un projet européen LIFE. Il est composé de trois modules principaux : prétraitement par coagulation-floculation, traitement d’oxydation avancée (UV/H2O2) et traitement final par adsorption sur
charbon actif. Le traitement d’oxydation avancée détruit plus de 90 % des micropolluants organiques. Aucun liquide n’est rejeté et les boues produites peuvent être recyclées par compostage. Après avoir optimisé ces étapes à l’échelle du laboratoire, un prototype a été conçu et installé dans une blanchisserie de Gérone (Espagne). Pour la première fois, le procédé a été testé à grande échelle dans une blanchisserie et les performances d’élimination des polluants ont été suivies pendant 6 mois. Ce procédé innovant permet d’atteindre une qualité d’eau compatible avec sa réutilisation en blanchisserie, en réduisant de plus de 90 % les tensioactifs et la demande chimique en oxygène (DCO) et en désinfectant l’eau. Les perturbateurs endocriniens sont également éliminés à plus de 95 % lors de ce traitement. Les eaux usées traitées ont ensuite été utilisées pour laver le linge. Lors des tests de lavage avec des bandes de tissu normalisées, aucune différence n’a été observée par rapport à l’eau du réseau.

Mots clés : Oxydation avancée, Réutilisation, Traitement, Blanchisserie, Coagulation-floculation, Charbon actif, Effluent industriel, Recours aux eaux non conventionnelles (RENC)
https://doi.org/10.36904/20241099

1,2,3,4,8 Eau des arbres – Alixan, France

2,5,6,7 Institut Català de Recerca de l'Aigua (ICRA) – 17003 Gérone – Espagne

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Article paru dans TSM 10/2024
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